Murmures à la jeunesse de Christiane Taubira

Publié le par Chantal Vieuille, éditrice

Murmures à la jeunesse de Christiane Taubira

Ce petit livre, paru le 18 février 2016, a fait couler beaucoup d'encre de la part des medias, parce que son auteure l'a fait publier au lendemain de sa démission du gouvernement en tant que ministre de la justice depuis 2012.

Ce livre a-t-il seulement été lu ? Après l'avoir lu, on est conquis par la maîtrise littéraire de l'écriture. Car il ne suffit pas de faire des citations dans un texte pour être apprécié comme écrivain littéraire. Ici, au contraire, la citation ne vient que confirmer la force intellectuelle qui anime l'auteur.

Ce petit livre risque de passer inaperçu. Il a pourtant comme première qualité, celle de s'adresser à la jeunesse que les hommes politiques ignorent, que les adultes en règle générale dénigrent dès que faire se peut, comme si eux-mêmes, durant leur jeunesse, avaient été des anges. Interpeller la jeunesse, c'est forcément lui faire confiance, lui donner des responsabilités, c'est croire en ses capacités à réagir, à penser et agir. C. Taubira rappelle à travers ses lignes ce principe de transmission entre les générations. C'est pas si mal de le dire, car, c'est semble-t-il la régle du "après moi le déluge" qui prévaut actuellement tant les égoïsmes sont triomphants. Elle s'adresse à ce lecteur, encore capable de réfléchir, guidé par un idéal, une fougue et un appétit que les vieux, exécrables, ont perdus.

Ce petit livre a une autre qualité, celle de l'éloquence heureuse : l'auteure pose une argumentation contre la déchéance de la nationalité en se plaçant largement au dessus des clivages politiques d'une petite France ratatinée sur elle-même. Elle y introduit des définitions, rappelle des dispositions juridiques déjà existantes et pose les vraies limites à ce projet d'introduire la déchéance de nationalité dans la Constitution française. Aucune égratignure n'est faite à l'égard du président de la République avec lequel pourtant elle s'oppose sur cette question. Aucune égratignure n'est faite d'ailleurs à aucune personnalité politique, c'est une prouesse que de parler contre sans tomber dans le piège des rivalités.

Finalement c'est un bonheur de lecture ; ce livre est l'amorce de ce que pourrait être une rhétorique politique au féminin.

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