Abdennour Bidar : Libérons-nous ! Des chaînes du travail et de la consommation (2018)

Publié le par Chantal Vieuille, éditrice

Ce petit livre du philosophe Abdennour Bidar me fait l'effet d'un message essentiel à ne pas ignorer quand des gilets jaunes d'extrême droite entraînent les opinions publiques de gauche et de droite depuis novembre 2018 vers une réelle régression politique.

Ce texte d'Abdenmour Bidar défend l'instauration du revenu universel. Un projet porté par quelques uns en 2017 pendant la campagne électorale, puis oublié. Un projet complétement ignoré par les Gilets jaunes, qui eux ne réclament qu'une seule chose : de l'argent pour consommer plus. Les fins de mois difficiles, nous les connaissons tous, même les riches, car celles-ci dépendent en grande partie de nos modes de vie, à commencer par les crédits à la consommation qui s'enchaînent et qui grèvent les cagnottes. L’esclavage de la consommation, de la surconsommation, c'est finalement ce que nous offrent ces 60 dernières années.

Et dans ce phénomène de surconsommation, les individus noient leurs pensées, leurs richesses intérieures dans un abêtissement total. Il faut se libérer de cet esclavage. Certes, tout le monde n'est pas riche, et l'écart se creuse de plus en plus entre les riches et les pauvres, et pire entre les très riches et les autres. "Aujourd'hui le plus grand mal c'est le capitalisme" écrit Bidar (p.43) Ce que l'auteur entend promouvoir, c'est "un nouveau chemin vers la socialisation des revenus  ou la fin de l'aliénation par le travail" (p. 37). Il y a ceux qui travaillent en riant : souvent les réalisateurs de films disent çà... on a beaucoup ri pendant le tournage du  film, pour ne pas devoir parler de l'argent qu'ils ont gagné grâce au film.  Il y a ceux qui travaillent avec passion, ils sont alors à une place juste, celle pour laquelle ils sont faits. Indépendant ou pas, libres ou non, ils gagnent leur vie avec plaisir. Mais il y a aussi ceux qui ont fait plein d'années d'études et qui subissent la déconsidération dans leur travail, ils deviennent déprimés, ils finissent par faire un burn-out. Là c'est la descente aux enfers. Et puis il y a encore tous ceux qui n'ont aucune formation, qui souvent ont été en échec scolaire, et puis, arrivés à l'âge adulte, enchaînent les mauvais petits boulots...

Je me souviens de mes lectures des textes d'Herbert Marcuse qui faisaient grand cas des tous ceux qui n'arriveront pas à prendre le train en marche dans le capitalisme frénétique. Bidar écrit "en construisant des sociétés de gagnants (peu) et de perdants (beaucoup) le système capitaliste a fabriqué un être humain individualiste et agressif" (p. 49). Bidar en écrivant ce texte ignorait la future existence d'un Gilet jaune !

Le revenu universel était une utopie, il peut devenir une réalité compte tenu de notre niveau économique et financier. Bidar estime que c'est le moment, c'est le kairos, c'est le bon moment pour penser concrètement le revenu universel. Bidar va plus loin et pose la question de savoir si les individus vont être capables de se libérer des chaînes du travail ? Est-ce qu'ils vont pouvoir inventer leur vie autrement que par le travail ? Il invente une nouvelle école et des maisons du temps libéré (p. 71) comme étant des lieux de partage et de dialogue pour apprendre à être des "hommes libres". C'est le seul projet auquel il faut réfléchir de toute urgence.  Il faut le regarder en face, le prendre à bras le corps, convoquer les politiques, les financiers et les économistes et exiger d'eux une remise à plat de ce système afin de le transformer en un temps nouveaux où la créativité, la pensée, l'imagination reprendront le pouvoir pour protéger l'environnement et notre qualité de vie.

Abdennour Bidar, Libérons-nous ! Des chaînes du travail et de la consommation, Editions Les Liens qui libèrent, 2018, 10€

Publié dans Politique

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