Les "pigeons" : premier événement de démocratie citoyenne

Publié le par Chantal Vieuille, éditrice

images-copie-14.jpgAu départ, il y a une disposition dans la loi de finances 2013 qui impose de taxer à 58,2% les gains d'un chef d'entreprise ayant vendu sa société. 

Immédiatement des chefs d'entreprises notamment ceux de l'économie numérique se sont mobilisés sous le label Les Pigeons. Ce mouvement de défense des entrepreneurs français a utilisé des outils comme facebook, Twitter, les blogs, les mails, le bouche à oreille pour propager en quelques jours l'informations selon laquelle il fallait réagir et lutter contre cette proposition de taxation. C'est ce qu'on appelle la technique du "buzz" médiatique. Plus de 7000 abonnés au compte twitter. Plus de 50 000 likes sur la page facebook. Parmi les personalités emblématique s de ce mouvement : carlos Diaz (c'est lui qui met la première information en ligne), Fabien Cohen, PDG de Whoozer, Nathanael Ramos, Yael Rozencwajg, Guillaume decujis, co-fondateur de Scoop it, JM POtdevin, Marc Simoncini (fondateur meetic), Pierre Chappaz, etc.

Immédiatement, un dialogue a démarré entre les responsables politiques au Ministère des finances et les représentants de ce mouvement inédit. Dans un article publié sur la page de PublicSénat.fr, on peut lire : " Dans une tribune consacrée aux « mobilisations à l’heure du numérique » Niclolas Vanbremersh, consultant en communication, spécialisé dans les nouvelles technologies, décrypte le phénomène. Le mouvement des pigeons est d’après lui « une nouveauté » parce qu’il n’est pas mené par « [des] jeunes déclassés, [des] sans-papiers, mais des « entrepreneurs (…) ralliés à un mot d’ordre : on serait en train de tuer leur esprit (…) leur raison d’être (…). Cet épisode est nouveau et intéressant. L’inversion de posture du patron en victime, le procédé anonyme et massif de grogne, le réseau d’expression spontané contre la négociation en coulisses. Tout cela est inhabituel dans les rangs des patrons, même petits, même numériques. Il révèle des ressorts communs à de nombreuses formes de mobilisation numériques ».

Résultat de cette opération sans précédent : selon l’AFP des amendements au projet de budget 2013 pourraient, « si nécessaire », être déposés au sujet de l'imposition des plus-values de cessions d'entreprises. Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME et à l’Innovation, annonce que le gouvernement pourrait « moduler un peu » le taux à partir duquel les détenteurs de titres qui réinvestissent leur plus-value dans une autre entreprise bénéficient d’un abattement. Et Pierre Moscovici, ministre de l’économie annonce la mise en place d’une exonération totale pour les dirigeants qui réinvestissent l’intégralité de leur plus-value lors de la vente des parts de leur entreprise - dans l'état actuel du projet de loi de finances, il faut réinvestir 80% de sa plus-value dans une nouvelle entreprise pour être exonéré, sous conditions.

Le dialogue citoyen a pris forme et pourrait désormais, si les citoyens s'organisent pour cela, s'établir au sein de la démocratie française et européenne. Les chefs d'entreprises ont ainsi montré que les idées peuvent s'exprimer, être entendues et prises en considération par l'autorité politique.

Le mouvement des Pigeons sans doute fera date.

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