Les Cœurs suspendus de Myriam Gallot

Publié le par Chantal Vieuille, éditrice

coeurs-surpendus.jpgCertains livres, comme celui-ci, font partie des petits bonheurs qui tombent dans la main. De passage devant une librairie parisienne, en plein coeur du Quartier latin, réputée pour ses livres d'occasion, en cherchant dans les bacs à livres, sans chercher véritablement, là soudain, je tombe sur ce livre, tout propre, tout neuf, comme égaré sur l'étal. En deux secondes, je me l'approprie. Je ne sais quoi me dit qu'il faut l'acheter. Le nom de l'éditeur, inconnu pour moi, me laisse penser que c'est un bel ouvrage.

Je n'aime pas lire des livres de nouvelles.

Or Les Coeurs suspendus de Myriam Gallot se compose de 15 nouvelles. Mais des vraies nouvelles, comme on en lit rarement. Car la nouvelle est un art de l'écriture, un fragment, non pas condensé d'un long récit. C'est une écriture resserrée, qui pique dans le vif, sans détour. Une écriture immédiate, sans compromis. L'écriture de Myriam Gallot, un vrai écrivain, à n'en pas douter, est de cette facture.

Les Coeurs suspendus, un livre de 267 pages, est une chronique des solitudes. Ces solitudes qui recouvrent les corps, qui grisaillent les regards et qui fripent la peau et courbent la nuque. Ces solitudes pesantes qui éclairent le visage de l'autre, celui qui est parti, forgent des êtes fantômes, qui se mettent en retrait de la vie, parce que cette vie là avec l'autre qui est parti aurait forcément ressemblé à l'absurde.

Les Coeurs suspendus est un texte illustré des dessins de Jean-Philippe Bretin. Une supplément d'âme. Une cohabitation délicieuse entre les mots et l'image. Tant et si bien que j'ouvre le livre uniquement pour regarder l'image.

Les solitudes de Myriam Gallot ont le visage de tout le monde. Ce ne sont pas des histoires tristes. Ce sont des histoires de vie, qui n'ont pas pu s'écrire autrement, parce que sans doute l'autre est absent, l'autre n'est jamais venu, l'autre est parti, l'autre est mort. Les solitudes de Myriam Gallot sont colorées de sourires, de poésies, de réalisme et de surréalisme. Parce que toutes les solitudes se racontent, comme ce chauffeur de limousine à Paris qui prend en charge "un petit client", c'est marqué ainsi sur le bon de commande que lui a remis son patron... Le petit client va enfin arriver dans un flot de voyageurs en provenance de New York.. Une jeune femme de type hispanique vient rejoindre le chauffeur de limousine qui comme tous les chauffeurs a hissé sa pancarte au dessus de la tête des gens pour être reconnu... et lui présente le "petit client" ..."assis dans le panier du chariot, il était habillé comme un gosse de riches, avec des vêtements écossais en tweed épais fermés par des boutons en corne". Imaginez alors un couple formé par un dame hipanique et un bichon maltais, identifié comme étant le "chien de Lauren Baccal"... Et le bichon maltais par la voix de sa maîtresse ordone qu'on lui montre les hauts lieux de Paris, tel un touriste fortuné. 

Les solitudes ont le visage d'une femme ou celui d'un homme. Les solitudes alourdissent les corps et les coeurs. Cette écriture vaut d'être lue parce qu'elle est singulière. Le temps d'un long week end, dans les parfums d'un paysage de Provence, à l'écart des villes. Ca réconcilie forcément avec les désirs des autres. 

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